[Keyko] Le parfum des cerisiers, la fragance de...

Le son des roues du train sur les rails, crissant de temps à autre notamment lors des virages. Le bruit des moteurs du train, accélérant et décelérant successivement au cours du trajet. Celui d'un autre train arrivant dans le sens opposé sur la voie d'à coté. Le brouhaha des passagers dont les discussions, bien qu'à voix basse, se cumulaient en un bruit de fond constant et peu agréable, agrémenté de sons tel un téléphone portable qui sonne ou un nourisson qui pleure. La voix du conducteur du train résonnant dans toute la rame, annonçant la prochaine station. Le son caractéristique du train décélérant en arrivant en gare puis s'arrêtant, suivi du sifflement et du son métallique des portes hydrauliques s'ouvrant sur le quai de la station. A ce moment, une personne se leva de son siège, un sac de voyage sur l'épaule droite, un autre sac sur le dos, une canne repliée dans la main droite. Sa main gauche se saisit de la poignée d'un harnais porté par un Golden Retriever, tranquillement assis aux pieds de son maître, qui se mit aussitôt sur ses quatre pattes. Tous deux sortirent calmement de la rame de métro et mirent le pied sur le quai, marquant alors un temps d'arrêt. La canne fut déployée de toute sa longueur, sa dragonne passée autour du poignet de son propriétaire, sa poignée saisie par la main de celui-ci. Ainsi équipé, l'individu commença à marcher, balayant devant lui avec sa canne dont l'extrêmité tapotait au sol à un rythme régulier, tel un métronome.

Les sons étaient légèrement différents, résonnant un peu plus dans cet espace bien plus large qu'à l'intérieur de la rame de métro. Les bruits de foule étaient amplifiés, accompagnés de nombreux bruits de pas se dirigeant pour la plupart dans la même direction (vers le train ou vers la sortie). Les gens autour semblaient un peu pressés pour la plupart, mais globalement, ils se montraient un petit peu plus vigilants à l'égard de ce jeune homme qui était visiblement malvoyant ou nonvoyant. La plupart s'écartaient un peu plus pour éviter de le gêner lui ou son chien-guide. Une ou deux personnes s'adressèrent à lui, en lui proposant leur aide. Le jeune homme leur adressa un sourire et déclina poliment leur offre, affirmant qu'il connaissait le chemin.

Il se dirigea vers la sortie de la station, son chien marchant docilement à ses cotés, alerte et vigilant, mais aucunement paniqué malgré la foule. Arrivant devant les portiques, il sortit alors son titre de transport qu'il passa au-dessus de la borne magnétique. Un bip approbateur retentit, signalant que l'accès lui avait été accordé et lui permettant de quitter la station. A l'extérieur, il y avait moins d'écho, mais aux bruits de la foule s'ajoutèrent ceux de la circulation routière, évidemment très bruyante. Mais il fallait s'y attendre avec une grande ville comme Miyazaki, même si elle ne l'était sans doute pas autant que les grandes métropoles comme Tokyo. En sortant de la station de métro, le jeune homme tourna à droite et continua son chemin dans cette direction. Il savait parfaitement où il allait. Il avait déjà parcouru ces rues de nombreuses fois et se dirigeait vers un lieu qu'il avait maintes fois visité. Une rue à traverser. Le chien-guide s'arrêta, signalant à son maître que le feu était rouge. Une attente de quelques secondes, puis le feu passa au vert. Le duo repartit, traversant la rue et poursuivant leur chemin. Le reste du trajet était une simple ligne droite et bientôt, ils arrivèrent à destination: le campus de l'Université de Miyazaki, plus communément appelée Université Candy, actuellement l'une des plus prestigieuses université du Japon, en grande concurrence avec Todai. Une université qu'il venait tout juste d'intégrer, ayant passé sans problème le concours d'admission.

Le duo traversa l'allée centrale du campus menant au bâtiment principal. Le jeune homme sentit une légère brise se lever et ce qu'il identifia comme étant des pétales de cerisier lui caressant le visage en étant portés par le vent. Le parfum des cerisiers qui bordaient cette allée était si agréable, si caractéristique d'un Japon en avril, période des rentrées scolaires et universitaires. Oui, aujourd'hui était le premier jour d'une nouvelle année scolaire, et ce jeune homme allait débuter sa première année universitaire. Il pénétra dans le hall du bâtiment principal dont les portes étaient toujours grandes ouvertes. Un hall très vaste, très haut, comme en témoignait l'écho très marqué des milliers de bruits de pas allant et venant autour de lui. Là aussi, il y avait foule, mais cette foule là semblait avoir quelque chose d'un petit peu différent, la rendant moins désagréable. C'était probablement l'odeur, une fragrance plutôt agréable caractéristique d'une catégorie de la population dont la concentration était bien plus importante sur ce campus que partout ailleurs...

Mais là n'était pas le moment de s'attarder sur ce parfum. Le jeune homme avait des choses à faire en ce matin de rentrée universitaire. Lui et son chien-guide traversèrent le hall en direction de l'administration. Mais sur le chemin, le chien s'arrêta de manière impromptue. Lui demandant ce qui se passait, son maître entendit une porte s'ouvrir et le son d'une clochette, son caractéristique des magasins et boutiques. A l'ouverture de cette porte, le jeune homme sentit cette même fragrance en sortir avec plus d'intensité. Captant quelques mots de la discussion qu'avaient les personnes qui venaient d'en sortir, il comprit où il se trouvait: devant l'animalerie de l'Université Candy.

Sans réellement s'en rendre compte, le jeune homme poussa la porte de cette animalerie et entra...

J'étais dans une cage bien trop petite, j'avais des vêtements un peu trop courts et un peu trop serré... Pas au points d'être vulgaire mais pour montrer la plus grande partie de mon corps. J'étais repliée sur moi-même, les oreilles basses... J'aurai pu pleurer longtemps mais je ne voulais pas donner cette satisfaction aux humains... Ou alors leur donner une occasion de me crier dessus... Surtout que ma tristesse n'avait rien à voir avec eux... Je pensais encore à mon ancienne maîtresse, elle était morte de vieillesse et était devenue aveugle peut avant sa mort, je passais mon temps à l'aider et bientôt j'aurai un maître idiot... Probablement un adolescent imbécile qui croirait avoir tous les droits avec moi et qui me battrait... Quoique ça ne changeait peut-être pas grand chose... Du moment qu'il ne me faisait pas "ça", bien que je n'avais pas grand espoir... Un long frisson parcouru ma colonne vertébrale, à vrai dire, je n'avais jamais pensé à "ça".

Je relevai légèrement la tête et vis des hommes, des femmes, des garçons, des filles... Des gens de toutes corpulences, de tout âge... Il passait devant ma cage et me jetais un bref coup d'oeil avant de partir... Apparemment je n'intéressais personne, j'en étais presque soulagée... Mais il est vrai que comparée aux autres je n'étais peut-être pas aussi bien formée, pas aussi jolie... Et peut-être trop vieille aussi... De plus, le vendeur avait mis un écriteau sur ma cage 'déjà utilisée, de seconde main'... Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? On aurait dit que j'étais un objet, on mettais le même genre d'écriteaux à la vitrine du pèle-mêle où il y avait tout une série d'objet de secondes mains... "Attention mesdames et messieurs, je suis une candy déjà utilisée... Ne venez pas vers moi !

Je me posais la question... Que faisait-on des candy trop vieilles ? Ma maîtresse on l'avait laissée vivre jusqu'à ce qu'elle meurent... Moi ce serait pareil ? Ou alors on me piquerait comme les vieux chats dont on ne veux pas ? Je n'avais pas vraiment envie de mourir... Je voulais vivre aussi longtemps que mon ancienne maîtresse... J'en eus les larmes aux yeux... Combien de temps on me garderait dans cette animalerie, alors ?

J'entendis à nouveau le bruit de la clochette, j'étais pratiquement sûre que la personne n'allait pas me prendre mais je relevais les yeux... Il ressemblait à ma maîtresse... Enfin... Quelque chose... Il avait les yeux fermés... Une canne... Un chien... J'ouvris grands les yeux... Alors lui aussi il était aveugle ? Comme "Elle" ? J'étais assez étonnée... Je me demandais comment il était devenu aveugle... Je haussais les épaules... Après tout ce n'était pas mon problème ! Et je remis ma tête sur mes genoux... Attendant que les heures passent... Toujours... Encore... Tout le temps...

Maintes fois avait-il visité le campus de l'Université Candy. Maintes fois en avait-il parcouru les couloirs et corridors. Mais aujourd'hui était la première fois qu'il entrait dans un tel lieu et il lui fallut s'arrêter un moment, une fois à l'intérieur. La première chose qu'il avait remarqué était bien évidemment cette fragrance, ce parfum si caractéristiques des êtres se trouvant en ces lieux. Ces hybrides ou animaux anthropomorphiques, peu importe le nom qu'on leur donnait... De nos jours, le terme de Candy était le plus utilisé pour les désigner. Ces Candies, donc, dégageaient une fragrance différente des humains. La différence était très subtile et seuls des personnes à l'odorat très développé étaient capables de la déceler. Comment la décrire... Une fragrance légèrement fruitée, pas tout à fait comme l'odeur souvent forte d'un parfum ou d'un shampoing, par exemple. Une fragrance qui variait légèrement selon les individus, tendant souvent vers l'acide pour les mâles et vers le sucré pour les femelles (mais ce n'était pas une généralité). Ici, l'on pouvait sentir plusieurs nuances de cette fragrance se mêler entre elles, rendant le tout un peu plus fort et un peu plus facile à détecter pour tout le monde.

En entrant dans l'animalerie, le jeune homme entendit des pas se diriger vers lui et décela l'odeur d'un humain. Il se posta devant lui et l'accueillit d'un ton guilleret en se frottant les mains. Sa voix indiquait qu'il n'était pas plus grand que le jeune homme, et était plutôt nasale. Se trouvant dans un magasin, le jeune homme jugea que ce vendeur voyait en lui un acheteur potentiel. L'homme un peu âgé, probablement dans la quarantaine, orienta de suite le garçon vers un coté de la pièce où la fragrance était plus sucrée, signe que des Candies féminines s'y trouvaient. Dès le départ, il parla d'elles comme des "produits", des "articles", des objets en somme et cela mit cet étudiant mal à l'aise. Mais ce dernier ne laissa rien paraître et écouta (à moitié) le baratin commercial de cet homme. Mais tandis qu'il faisait cela, il sentit de sa main tenant le harnais que son chien-guide semblait légèrement agité et il l'entendait renifler. Il devait probablement avoir détecté une odeur particulière. Il voulut alors aller dans une direction et son maître se contenta de le suivre, tandis que le propriétaire de l'animalerie était en plein discours. Le chien s'arrêta et aboya une fois. Le vendeur intervint aussitôt, expliquant qu'il s'agissait de la réserve et que la "marchandise" y était de moins bonne qualité, ce à quoi le chien répondit d'un seul aboiement, ferme, autoritaire, mais sans aggressivité. Le jeune homme sourit à son chien puis se tourna vers le vendeur.

- Montrez-moi, s'il-vous-plait, lui dit-il d'un ton calme mais annonçant qu'il ne transigerait pas.

Il devina que cet homme était un peu hésitant à lui montrer la réserve, mais il se plia finalement à sa demande et le conduisit vers cette partie du magasin. Et très vite, la fragrance des Candies se fit bien plus intense, signe qu'un grand nombre d'entre eux y étaient rassemblés. A cette fragrance se mêlait une odeur très désagréable: celle de l'insalubrité et du manque d'hygiène. Cet endroit était visiblement très peu entretenu et l'on se contentait certainement d'y "stocker" les Candies ayant moins de "valeur marchande", ce que le vendeur exprima ouvertement. Ignorant complètement ses dires, l'étudiant avança, guidé par son chien qui continuait de renifler. Autour de lui, des sons métalliques, ceux émis lorsqu'on s'accroche à une grille. Il était entouré de cages et certains de leurs "locataires" avaient dû s'y agripper pour mieux voir les gens qui venaient d'entrer dans la réserve.

Le chien sembla finalement s'arrêter et, après quelques reniflements supplémentaires, sa patte se mit à gratter une grille... L'étudiant sourit légèrement, se disant que cette situation était très familière...

- Ouvrez cette cage, s'il-vous-plait, demanda-t-il au vendeur, usant du même ton que précédemment.

Ce-dernier sembla commencer à protester, mais le chien l'interrompit aussitôt d'un aboiement encore une fois autoritaire, mais pas hostile. Le vendeur renonça à protester et s'exécuta, ouvrant la porte de la cage. Le chien entra à l'intérieur et, devinant parfaitement ce qui allait se passer, son maître lacha la pignée du harnais pour le laisser faire. Il entendit les pas calmes de son partenaire, ses reniflements et puis... quelques coups de langue...

Je vis que de suite, le vendeur arriva vers son acheteur, apparemment il avait le sens commercial... Directement il le rapprocha de moi... Vers le côté des 'femelles' mais encore pas tout à fait, il préférait l'envoyer vers les femelles 'pas encore utilisée'. J'eus un soupir... Je rêvais d'un bain... Je veux dire : un vrai bain, bien chaud... Parce que les quelques heures très tôt le matin où on nous autorisais à nous rincer légèrement, tous serré les uns aux autres, c'était pas ça que j'appelais 'un bain'...

Finalement, je me rendis compte que l'aveugle gardait un sourire poli mais ne semblait pas écouter le baratin du vendeur... En même temps, le vendeur il était bête, là ! Au lieu de lui décrire les personnes il lui parlait des avantages d'un candy... Dont tout le monde se foutait vu que tout le monde le sait déjà ce qu'on pouvait en faire !

Finalement, son chien aboya... Il semblait intéressé par mon 'côté' j'entendis vaguement le vendeur dire que c'était des produits de moins bonne qualité... Nan mais ! Mauvaise qualité toi-même méchant bonhomme ! J'étais quand même curieuse... Pourquoi le monsieur venait par ici ? Enfin non... Je reformule : qu'est-ce que ce chien pouvait bien trouver d'intéressant de mon côté ? Le chien c'était un magnifique Golden Retriever... Je le regardais dans les yeux, et il accéléra un peu, aboyant d'un air autoritaire... Au moins il sait ce qu'il veut !

Ne me sentant pas du tout concernée par le chahut, je finis par me mettre au fond de ma gage, la tête sur mes genoux et les oreilles baissées... Mais là j'entendis le chien aboyer tout près de moi, je levai la tête pour le voir remuer la queue et me regarder avec des yeux brillants... Heu mais ? Le vendeur ouvrit ma prison et le chien me sauta dessus, me léchant le visage et se frottant contre moi. Je me mis à rire tout en lui caressant les oreilles et le cou. Je trouvais ce chien adorable.

J'entendis le vendeur, sûrement irrité de devoir me vendre car j'avais une valeur moindre, parler :

"Je vous préviens tout de même que c'est de la seconde main, mais j'ai de très bon candy qui sont de la même espèce qu'elle et votre chien s'entendrait tout aussi bien avec les autres..."

Hé ! 'De la seconde main'... C'est toi la seconde main ! Merci bien ! J'étais quand même un peu vexée par les paroles, je ne m'étais jamais considérée comme un objet, et là... Je me sentais bien pire que ça... Un vieil objet déjà utilisé, qui pourrissais sur une étagère et dont personne ne voulait... Le chien dû ressentir mon soudain malaise car il me lécha énergiquement la joue... Je lui souris et lui caressa le dos. Au moins, j'aurai eu de la compagnie pendant quelques instants...

La réaction était plaisante. La voix féminine, relativement aigue et juvénile, avec tout de même une pointe de maturité. Le rire était cristalin, pur, véritable. La scène était spontanée, instinctive. Elle fut malheureusement interrompue par ce vendeur qui insista de nouveau, tentant de réorienter ce client potentiel vers les "articles de premier choix". Le vocabulaire qu'il utilisait ne plaisait pas du tout au jeune homme. "Seconde main", "espèce", etc... Il ignora de nouveau cet homme et reporta son attention sur la demoiselle et cette scène.

- Kota, appela-t-il en souriant.

Le chien fit demi-tour, sortant de la cage et revenant s'asseoir aux cotés de son maître. Celui-ci s'accroupit, posant son sac de voyage sur le coté et mettant son bras autour de l'animal.

- Bon... Comme la dernière fois, alors? lui dit-il doucement.

Kota répondit haut et clair d'un aboiement affirmatif. Son maître le caressa alors généreusement autour du cou avant de se relever. Il fit face au propriétaire de l'animalerie, son visage ne perdant rien de son sourire ni de sa bonne humeur.

- Cette demoiselle vient avec nous, annonça-t-il ouvertement.

Il entendit le vendeur commencer à protester de nouveau, mais encore une fois, Kota l'interrompit d'un aboiement ferme. Le jeune homme reprit ensuite.

- Veuillez m'indiquer la procédure à suivre afin qu'elle puisse sortir de cet endroit, je vous prie, requérit-il d'un ton toujours aussi poli, mais qui ne laissait pas de place à une quelconque objection.

Il savait par l'intermédiaire de ses voisins et de leurs Candies que le seul moyen de faire sortir un Candy d'un endroit pareil était une procédure équivalente à une adoption d'animaux domestiques. Il était tenté de simplement faire sortir celle-ci en faisant fi des procédures, mais ce serait enfreindre la loi. Après un moment d'hésitation, le vendeur jugea apparemment que toute discussion serait peine perdue et qu'il était préférable de ne pas perdre une occasion de vendre quelque chose. Il demanda au jeune homme de le suivre. Celui-ci récupéra son sac, saisit de nouveau le harnais de Kota et tous deux suivirent le vendeur.

La procédure s'avéra beaucoup plus simple et rapide qu'on pourrait le penser. Un simple formulaire à remplir avec l'état civil de l'acheteur et il n'y avait plus qu'à payer. Le prix était élevé cela dit, même pour un "produit de seconde main" comme disait ce vendeur. Le jeune homme suspecta qu'il haussait volontairement le prix histoire de faire quelques bénéfices supplémentaires, mais qu'importe. Il vida son portefeuille de tout le liquide qu'il avait et il ne lui resta à la fin que quelques pièces de cent yens. Ensuite, tous retournèrent devant la cage de la Candy. A nouveau le harnais fut lâché et Kota se dirigea vers la demoiselle. D'après les sons, il était sans doute entrain de la pousser gentiment avec son museau afin de l'inciter à sortir de la cage. Pendant ce temps, le vendeur mit quelque chose dans les mains du jeune homme, lui expliquant que les Candies devaient obligatoirement être tenus en laisse. Il venait donc de lui remettre une laisse ainsi qu'un collier en cuir, très similaires à ceux destinés aux animaux de compagnie. Décidément, cet homme avait de moins en moins de valeur aux yeux de l'étudiant.

Attendant que la demoiselle soit sortie de sa cage et se tienne debout devant lui, le jeune homme estima au son de sa respiration la position de sa tête. Il fit passer sa canne blanche dans sa main gauche puis tendit doucement sa main droite pour la poser sur l'épaule gauche de la demoiselle. Ses doigts glissèrent ensuite le long de son bras jusqu'à trouver le poignet dont il se saisit délicatement. Il enroula alors le collier autour du poignet, en prenant soin de ne pas serrer.

- Je suis désolé. J'imagine que ce doit être peu agréable, mais nous n'avons pas trop le choix. Pourriez-vous endurer cela, au moins pour le moment? lui demanda-t-il d'une voix calme tout en attachant la laisse au collier devenu bracelet.

Le maître appela son chien pour le caresser, il parla de 'dernière fois'... Je ne comprenais pas très bien mais je retenais une chose du dialogue : Il semblait bien décidé à m'emmener, et ça, c'était génial ! Je voulais sortir d'ici et j'avais l'impression que je ne pouvais pas mieux tomber, il avait l'air gentil et il avait un chien avec qui je m'entendais déjà... Il voulait m'emmener loin d'ici ! Il partit, en me laissant seule... La cage était restée grande ouverte mais je restais là.

J'étais un peu estomaquée... Je n'avais jamais vu personne se fier à l'avis de son chien... Kota ? J'avais cru comprendre qu'il s'appelait ainsi. Kota, donc, semblait très intelligent... Et c'était un grand chien très vif. Je l'aimais bien... J'avais envie de retourner près de lui, il me rassurait... Mais je ne voulais pas sortir de ma cage, ou plutôt je n'osais pas... Parce que ce n'était pas l'envie qui me manquait ! Ce qu'il y a c'est que je ne savais pas ce que j'avais ou non le droit de faire et je n'avais pas envie que le vendeur mette en avant mon indiscipline et que donc, l'homme change d'avis en se disant qu'il ne pouvait pas prendre avec lui une candy indisciplinée...

J'en étais là dans mes pensées quand Kota revint vers moi. Il me poussait légèrement de son museau pour que je sorte, le vendeur ne semblait pas heureux de m'avoir vendue... Évidement, un client à plumer qui prenait de la seconde main, c'était assez embêtant vu qu'on ne pouvait pas trop grossir le prix sans que ça ne paresse suspect... En sortant de ma cage, je lui fis donc un sourire purement ironique qui s'évanouit bien vite quand il sortit 'la laisse' ça faisait très longtemps que je n'en avais pas porter... Mon ancienne maîtresse n'en avait pas l'utilité... Je regardais le jeune garçon qui m'avait achetée en me disant que lui n'allait pas se gêner... L'avantage c'est que si il me battait, je n'hésiterai pas à m'enfuir... Je me disais -même si c'était méchant- que grâce à sa cécité je pourrais le berner. Il me l'attacha au poignet, je me disais que ça devait lui faire plaisir d'avoir le contrôle...

Je déchantais bien vite cependant... Il me demandait mon avis et s'excusait, j'étais éberluée... Aucun humain -mis à part ma maîtresse mais elle était à part- ne me demandait mon avis, j'en aurai pleuré de joie... Kota se frottait à mes jambes. et je baissais un peu la tête, je devenais légèrement rouge, je n'avais pas l'habitude de parler aux garçons... Je me tordis les doigts et lui répondit tout doucement :

"Ce... C'est bon... C'est pas grave..."

En réalité j'avais très envie de lui dire que c'était probablement la pire chose que l'Homme ait inventé et que j'espérais qu'il ne comptait pas m'affubler de cette chose trop longtemps, mais j'étais bien trop intimidée pour dire ce que je pensais... Mais bien sûr, ça ne me dérangeait pas trop de le porter quelques instants... Je pouvais prendre mon mal en patience !

Il y eut un moment de silence. Et finalement, la voix de cette demoiselle se fit entendre. Elle était très basse, à peine audible, sauf pour quelqu'un ayant une ouïe très développée. Le ton était très réservé, peut-être un tantinet embarrassé. Cependant, elle accepta d'être tenue en laisse pour le moment, ce à quoi le jeune homme acquiesça. Il se tourna ensuite vers le vendeur.

- A moins que vous n'ayez une objection quant à la façon dont je tiens cette laisse? lui demanda-t-il.

Le ton sur lequel il venait de poser cette question n'appellait cependant aucune réponse et lui-même n'en attendait pas. Il s'inclina poliment devant le vendeur avant de saisir de nouveau le harnais dans sa main gauche, de même que la laisse dans sa main droite. Il se tourna vers la Candy en lui souriant légèrement.

- Sortons d'ici, proposa-t-il.

Au passage il tourna la tête autour de lui, comme pour regarder les alentours. Il lui sembla sentir de nombreux regards, sans doute ceux des autres individus présents dans ces cages. Il semblait sentir leur désir de sortir à leur tour de ces cages insalubres. Il voulut faire quelque chose pour eux, mais en avait-il la possibilité? Il ne connaissait rien des lois concernant les Candies et ce n'était pas en enfreignant la loi qu'il arriverait à les aider. Il lui faudrait étudier cela en détail. Il regarda les Candies d'un air désolé, laissant échapper un soupir, avant de sortir de cette animalerie, accompagné de son partenaire de toujours et de cette demoiselle qu'il avait pu libérer.

Se retrouvant de nouveau dans les couloirs de l'Université Candy, il s'éloigna un peu de l'animalerie. Lorsqu'il considéra qu'il l'était suffisament, il s'arrêta puis se tourna vers la Candy. Kota s'asseya docilement, toujours à sa gauche, faisant également face à la demoiselle, sa queue remuant gaiement.

- Bon, je pense qu'on devrait commencer par faire les présentations. Mon nom est Yusa Yuuichi. La plupart des gens que je connais m'appellent simplement Yuuichi, mais vous pouvez m'appeler comme vous le souhaitez, se présenta-t-il.

Il s'accroupit ensuite pour mettre ses bras autour du cou de Kota.

- Et lui, c'est mon meilleur ami et partenaire. Il s'appelle Kotarou, ou Kota pour les amis. Mais vous avez déjà fait connaissance, je crois bien, annonça-t-il fièrement tout en le caressant généreusement. Kota, dis bonjour à la demoiselle.

Kota répondit par un aboiement fier et joyeux.

Je pouvais voir tous les autres candies me regarder, elles semblaient me jalouser un peu... Je les regardais avec un air triste... Il y avait des enfants là dedans... Je pu voir une candy Inu qui ne devait pas avoir plus de sept ans mais il y avait déjà marqué 'seconde main' sur un panneau... Son maître l'avait déjà abandonnée... J'en avais des pincements au cœur... Je détestais ça ! Pourquoi certains humains ne veulent pas comprendre que nous aussi on a des sentiments ?

Finalement mon nouveau 'maître' -que je haïssais ce mot- me sortit de l'animalerie, une fois dehors je respirais la liberté à plein nez... Enfin... La liberté au bout d'une laisse, je me comprends... Mais sortir de cette cage c'était plus que je ne pouvais espéré ! En plus, j'aurais toujours un ami ! J'étais quand même un peu gênée, mes vêtements étaient un peu courts... Je tirais un peu désespérément sur eux de ma main libre pour tenter de les élargir et les allonger... Je pouvais voir les jeunes garçons me regarder... Je pouvais pratiquement lire dans leurs pensées 'faut vraiment que j'aille m'acheter une candy pareille !'. J'avais les oreilles basses et j'étais gênée... Finalement nous arrivâmes tous les trois dans un couloir peu fréquenté, il n'y avait plus personne...

Mon maître se présenta lui et son chien, j'appris donc qu'il s'appelait Yuuichi Yusa...

"Je peux vous appeler Yuu ?"

Je trouvais ça joli à l'oreille... Et puis il m'avait dit que je pouvais l'appeler comme je voulais ! Et surtout il était hors de question que je l'appelle 'maître' il me l'aurait demandé que j'aurais refusé. Je regardais le chien... et lui souris...

"Kota... Oui, j'ai déjà été présentée !"

Je m'accroupis et lui caressa le sommet de la tête avec ma main libre. Il était vraiment beau et j'adorais particulièrement ses yeux limpides... On pouvait voir qu'il était heureux, bien traité et qu'il aimait son maître plus que tout... Je finis par me relever... Je présumais qu'il attendait poliment que je me présente...

"Je m'appelle Keyko Romero... Vous pouvez m'appeler comme vous voulez aussi, du moment que ça reste proche de mon prénom..."

J'allais rajouter : du moment que tu ne m'appelle pas 'la candy' ou 'la chienne'... J'avais un assez mauvais souvenir de ces surnoms qui m'avaient été donné par les fils de mon ancienne maîtresse... D'ailleurs, je me demandais où on allait habiter... Et si je devais me trimballer toutes la journée ainsi habillée... Et puis aussi si il habitait loin d'ici... Je n'avais pas vraiment envie de prendre le train dans cette tenue... D'ailleurs je n'avais pas envie de prendre le train tout court ! La dernière fois que je l'avais fait c'était avec la fille de ma maîtresse... On devait aller chercher pour elle quelque chose en ville et je devais être accompagnée par un Humain Normal... Et bien c'était la pire expérience de toute ma vie ! Tout le monde me regardait en rigolant, me pointait du doigt... J'avais entendu des gens parler de moi comme si j'étais un objet... Et depuis j'ai développer une sorte d'agoraphobie... Je n'aimais pas être entourée de trop de monde...

Je fixais à nouveau mon attention sur Yuu-kun... Je me demandais depuis quand il était aveugle... Je n'osais pas lui poser la question, je pense que c'était impoli... Mais j'avais la langue qui me brûlait de mille et une questions que je rêvais de poser... Mais je ne savais pas jusqu'à quel point il me tolérait, jusqu'à quel point je pouvais le déranger... Il avait l'uniforme du lycée... Et les cours devaient bientôt commencer... Il allait faire quoi de moi pendant tout ce temps ? ... Et qu'est-ce qu'il allait faire de moi tout court ?

"Pourquoi vous m'avez achetée ?"

Ma voix était toujours aussi basse, je n'osais toujours pas vraiment lui parler... Il m'impressionnais un peu...

La demoiselle décida d'appeler Yuuichi par un diminutif, Yuu. Celui-ci acquiesça et sourit, ayant également été habitué par ce surnom (utilisé le plus souvent par sa mère). La Candy opta également pour le surnom usuel de Kotarou, ce à quoi il répondit par un aboiement semblant vouloir dire "Oui, c'est moi!". Puis la demoiselle se présenta à son tour, répondant au nom de Romero Keyko. Keyko laissa à Yuuichi le soin de choisir comment l'appeler. Celui-ci réfléchit deux secondes puis décida.

- Dans ce cas, je t'appellerai Key, déclara-t-il, ayant délaissé le ton formel pour un ton plus familier, maintenant qu'ils s'étaient présentés.

Il y eut à nouveau un moment de silence pendant lequel Yuuichi sentit Keyko un peu mal à l'aise. Il entendit les quelques passants qui empruntaient ce couloir. Il avait également entendu les gens aux alentours lorsqu'ils étaient sortis de l'animalerie. Tous parlaient à voix basse, bien sûr, et les conversations se mêlaient, mais Yuuichi en avait aisément perçu les propos. La majorité d'entre eux concernaient Keyko et ils n'étaient pas toujours très flatteurs.

L'attention se reporta sur Keyko lorsque celle-ci reprit la parole pour lui poser une question. C'était la question à un million de yens: pourquoi Yuuichi avait-il acheté Keyko. La réponse vint presque immédiatement.

- Aucune idée, affirma-t-il sans l'ombre d'une hésitation.

Yuuichi donna son extrêmité de la laisse à Keyko. Il lâcha ensuite le harnais et fit passer sa canne dans sa main gauche pour poser son sac de voyage au sol.

- Kota a senti ton odeur et m'a conduit jusqu'à toi, expliqua-t-il.

Ce faisant, il ouvrit son sac de voyage et se saisit d'un manteau léger se trouvant au-dessus de la pile de vêtements.

- Peut-être a-t-il revu lui aussi une scène familière, ajouta-t-il d'une voix un peu plus basse.

Yuuichi referma son sac puis se releva. Il s'approcha de Keyko et lui mit le manteau sur les épaules.

- L'important est qu'il t'apprécie. Et j'ai une confiance aveugle en son jugement, affirma-t-il, ayant délibérément choisi ses mots.

Il replia alors sa canne blanche et la donna à Keyko. Il récupéra ensuite son sac de voyage et le remit à son épaule.

- Bon, je vais avoir besoin de ton aide. Veux-tu bien m'accompagner un moment? Nous pourrons discuter ensuite, proposa-t-il.

Il saisit alors le harnais de Kotarou qui se leva aussitôt. Puis il se plaça sur le coté gauche de Keyko, lui prit délicatement le bras en le tenant juste au-dessus du coude.

- Nous devons passer à l'administration, puis probablement à la résidence universitaire, annonça-t-il.

J'avais hoché la tête quand Yuu avait dit qu'il m'appellerait Key, c'est comme ça que m'appelait les autres candies quand j'étais là-bas... Ils étaient tous très gentils mais je n'étais pas très habituées à avoir autant de monde autour de moi après tout je n'avais été que... Que quoi ? La candy de compagnie d'une vieille dame ? Oui, c'est sûrement comme ça qu'on devait me voir. J'étais un peu étonnée par la réponse de Yuu... Il ne savait pas pourquoi il m'avait achetée... C'était assez étrange car je ne savais pas qu'on pouvait acheter quelque chose sans en avoir longuement réfléchi ! Quand j'étais avec madame et qu'elle voulait quelque chose, elle en discutait longuement avec moi... Enfin... Je ne comprenais pas trop en général ce qu'elle me disait, elle se contentait de monologuer et d'attendre que je hoche la tête... Car c'était quand j'avais 8 ans... Plus tard, la vieillesse aidant, elle s'était repliée sur elle-même et n'avait plus jamais fait les magasins, elle se contentait d'écouter ce que je lui lisais... Je supposais néanmoins que ce ne serait pas pareil avec Yuu, il semblait très bien se débrouiller seul et puis il y avait Kota...

Le garçon me mis quelque chose en main mais j'étais trop dans mes pensées pour le sentir, finalement je revins à la réalité en entendant le son de la voix... En fait ce n'était pas lui qui m'avait achetée... C'était Kota.. Je devrais le remercier... Peut-être même que c'est lui que je devais appeler maître... Je riais intérieurement, mon oreille tressauta en entendant le "peut-être a-t-il revu lui aussi une scène familière." j'étais curieuse mais je ne dis rien... On m'avait souvent répété que la curiosité était un vilain défaut et je faisais des efforts surhumains pour me contrôler. Yuu me mit un manteau sur les épaules. Je devins légèrement rouge, j'étais touchée par cette attention, j'allais lui dire merci mais il poursuivit : il avait confiance en Kota et l'important c'était qu'il m'appréciait. Donc il m'avait achetée pour Kota.

Je réfléchis... Je devais tenir compagnie au chien ? Je me demande si il aimait qu'on lui lise des histoires... Je ne m'étais jamais occupée d'un chien ni d'un animal quelconque... La dernière fois que j'avais été en contact avec ce qu'on appelait animal c'était lors d'une chute à cheval... Mon ancienne maîtresse avait un immense domaine et elle avait voulu que j'apprenne l'équitation mais apparemment, je n'étais pas très douée. Le cheval avait dû sentir ma nervosité et m'avait éjectée, heureusement pour moi je n'avais eu qu'un énorme bleu sur les fesses... J'étais plutôt bien tombée !

Yuu replia sa canne et me la donna, je fermais automatiquement ma main dessus et lui lança un regard interrogateur avant de me giflée mentalement, après tout, si je voulais me faire comprendre, je devais lui parler ! Mais je n'eus pas besoin de formuler ma question à voix haute. Il dit qu'il avait besoin de mon aide et qu'on pourrait discuter après, il me prit par le bras. Il me parla d'administration et de résidence universitaire. On traversa quelque couloirs, heureusement, l'université était fléché et je pus lui dire parfois où aller... J'avais fermé le manteau autour de moi et on ne voyait plus rien de moi car le manteau était trop grand. J'avais également mis le capuchon ce qui cachait mes oreilles, on me regardait bizarrement mais je n'entendais aucune remarque, ce qui était un soulagement.

"On fait quoi à l'administration ? Je dois vous aider en quoi ? A remplir des papiers ? Ou juste vous lire ce qu'il y a marqué ? Vous êtes nouveau ici, alors ? Vous allez faire quoi de moi ? Je vous servirai à quoi ? Je vais faire de la compagnie à Kota ?"

Je me rendis compte, un peu tard, que ma bouche s'était mise à déverser un flot de paroles toute seule, à vrai dire je ne le faisais pas vraiment exprès, j'étais quelqu'un qui parlait énormément et qui ne supportait pas le silence... Alors évidemment maintenant que j'étais un peu plus à l'aise avec le jeune garçon, je ne pouvais m'empêcher de bavarder... De dire un peu près tout ce qui me passait par la tête à une vitesse impressionnante.

"Heu... Pardon, je dois vous ennuyer !"

Je fis un gros effort pour me taire, je n'avais pas envie qu'il me dise de me la fermer comme les autres personnes... Je préférais me taire de moi-même.

Le chemin jusqu'à l'administration... en réalité, Yuuichi le connaissait déjà très bien. Cependant, Keyko s'avéra être un bon guide, lui donnant des indications pour l'aider à s'orienter. Arrivant en vue de l'administration, elle se mit à poser une série de questions sur l'aide qu'elle devait lui apporter. Il est vrai que Yuuichi n'avait rien précisé à ce sujet. Les questions de Keyko étaient venues à un tel rythme que l'on croirait qu'elle n'avait pas eu droit à la parole depuis une éternité. La Candy s'en rendit compte et s'en excusa, avec une touche d'embarras dans sa voix. Yuuichi rit légèrement.

- Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas bien compliqué, dit-il d'un ton rassurant. N'est-ce pas Kota?

Kotarou répondit d'un aboiement affirmatif.

- Pour répondre à tes questions: Nous allons à l'administration pour remettre quelques papiers et finaliser mon inscription dans cette université. A priori, il ne devrait pas y avoir d'autre formulaire à remplir et s'ils doivent me remettre des documents à lire, ils seront certainement rédigés en braille. Je suis effectivement un nouvel étudiant de l'Université de Miyazaki. Quant à ton rôle à mes cotés, ce sera le sujet de notre discussion après, expliqua-t-il de manière tout à fait sereine, sans aucune hésitation.

Arrivant devant la porte de l'administration, Yuuichi frappa lui-même et attendit qu'on l'autorise à entrer. A l'intérieur, il entendit le son des photocopieuses, le bruit de divers documents que l'on feuilletait, celui du téléphone qui sonnait très souvent, celui des claviers d'ordinateur sur lesquels on pianottait, etc... Bref, exactement les sons auquels on pouvait s'attendre dans une administration.

Tous les détails administratifs concernant son inscription à l'Université de Miyazaki furent réglés comme il l'avait annoncé. Il remit à une des secrétaires quelques documents déjà remplis et signés. Après avoir trié les différents documents, la secrétaire lui en remit un nouveau, une version normale et une version rédigée en braille, comme prévu. Faisant rapidement glisser ses doigts sur les lignes en braille, il constata qu'il s'agissait d'un document relatif à sa nouvelle chambre à la résidence universitaire. Il devait remettre la version normale à l'accueil de la résidence. La secrétaire donna également à Yuuichi sa carte d'étudiant comportant, elle aussi, des inscriptions en braille.

Le tout ne dura pas plus de cinq minutes. Durant ce temps, Kotarou était calmement assis à gauche, toujours à gauche, de son maître. Lorsque celui-ci eut terminé, il se leva aussitôt. Tous deux ainsi que Keyko quittèrent la pièce.

- Bien, allons trouver notre chambre, annonça Yuuichi à ses deux compagnons.

Ils reprirent leur formation précédente: Kotarou à gauche, tenu par le harnais, Keyko à droite, tenue juste au-dessus du coude gauche. Ils se dirigèrent vers la résidence universitaire.

[Vers la chambre de Yuuichi]

» Keyko, une nouvelle flamme.