MON PARCOURS JUSQU'À MAINTENANT:{attention, cette histoire est racontée de manière narrative}
Les bruits de mes chaussures résonnent sur le sol de la rue... Il faisait nuit. Ce n'est pas recommandé pour une adolescente de se promener ainsi... Mais franchement : je m'en contre-fiche.
Je passe la porte du petit bar de la ville. Comme il était tard, il ne restait que quelques ivrognes ça et là... trois tondu et un pelé. Et le deuxième pelé, moi, se dirige vers le comptoir.
- Hé! Pan', tu veux que je te serve un truc de frais?- -...Ouai...de l'eau , s'il te plait...-Je connaissais le patron...c'était un ami de mes parents, devenu ami à moi...ni plus ni moins.
Deux des ivrognes se mirent à rire ensemble pour une blague sans doute dite par l'un d'eux. C'était bien différent de mon petit village de campagne où j'étais née, dix-setp ans plus tôt. C'était une petite famille de niveau de vie moyen. Mes parents travaillaient dans un commerce de fruits et légumes fournis par les paysans avoisinant et approvisionnaient le village de toutes ces bonnes choses. Je n'étais pas fille unique non. J'avais un frère, Army, de deux ans mon aîné... Il a toujours été bien plus ouvert et jovial que moi... Et bien plus gentil. Il était toujours là à me protéger et à m'aider...enfin... Avant. Avant que l'on ne déménage à vrai dire. Car oui, nous avons quitté notre petit village pour aller s'installer dans cette ville où je suis toujours. J'avais dix ans à cette époque, Army, douze. Et c'est là que les ennuis ont commencé. Il n'avait pourtant pas grand chose à faire. Finir le minimum de ses études, puis reprendre le magasin de fruits et légumes qu'avaient ouvert nos parents dans cette ville. C'est tout. Et pourtant... Il commença à avoir ce que l'on appelle des "mauvaises fréquentations". Et il s'éloigna de moi, petit à petit...
-Hé! Pan'! Tu dors?? Bouge toi un peu, y'a un des ivrognes qui vient de tomber!- Je sors alors de mes pensées et de mes souvenirs, allant vers l'homme en question, et l'aide à se relever. Il avait, en effet, forcé sur l'alcool. Tout en l'accompagnant à sa chaise, je retourne dans mon passé.
J'aidais Army à se relever. Il s'était prit une gifle de notre père qui l'avait envoyé valser au sol. J'avais quinze ans. Ce soir là ou plutôt ce matin là, vu qu'il était dans les trois heures du matin, Army était rentré, sentant fort l'alcool et plantes à fumer. Les cris provenant de la dispute m'avaient réveillée et j'étais allée voir se qu'il se passait. J'avais tout juste pu assister à la baffe, mais j'avais déjà comprit pourquoi. Depuis quelques temps déjà, Army rentrait à la maison comme ça... parfois dans des états indéfinissables. A cet époque, je le voyais encore un peu... On continuait de se parler. D'ailleurs un jour, alors que je regardais dans un salon de coiffure, je dis que j'essayerai bien de me teindre les cheveux... Army, qui était avec moi pour une fois, me dit que si je le faisais il m'en voudrait. Et, sans doute car je voulais qu'il me remarque, fasse attention à moi, et aussi par envie de commettre l'interdit, dès le lendemain, je sortis du dit coiffeur, mes longs cheveux teint en rose. Et, comme il l'avait dit, il m'en voulu. Et pendant tout une semaine, il essaya de me voir le plus possible, pour m'adresser des remarques cinglantes et me donner honte... Mais j'en étais heureuse. Cela faisait longtemps que je ne l'avais plus autant vu et au moins, il faisait attention à moi.
-Hé Pan' . Tu devrais rentrer maintenant. Il se fait tard.- Je sors une nouvelle fois de mes pensées... ça faisait à peine une demi-heure que j'étais là...mais c'est vrai qu'il se fait tard. Je le salue alors et me lève, sortant du bar en silence. Heureusement, je n'en habite pas loin. Et alors que je marche, je repense pour la énième fois à mon passé... au moment de rupture...qui est finalement arrivé... c'était prévisible.
J'avais seize ans, oui, c'était l'année passée. Amry était sorti. Je l'avais suivit. Je m'inquiétais bien plus pour lui depuis quelques temps... Il rentrait de plus en plus tard, voire même plus du tout certains soirs...et dans un état bien pire qu'avant... En tout cas, cette fin d'après midi là, il était sortit et donc moi aussi. Il avait marché jusqu'au cimetière de la ville. Malgré mon appréhension j'y étais entrée après lui, en silence, cachée. Et là je le vis. Je le vis avec un autre homme. Army lui donna de l'argent et l'autre un sachet... Je devinais bien vite de quoi il s'agissait. Dès que l'homme fut parti, je me ruais sur Army et lui saisissait le sachet des mains qu'il n'avait pas encore caché. Il me regarda tout d'abord avec des yeux rond de surprise... et là, il se passa une chose qui ne s'était jamais produite et dont je me souviendrais toujours. Il ferma le poing et l'écrasa avec force sur ma joue. J'étais tellement surprise que je ne m'étais pas défendue, tombant au sol. Mais il ne s'arrêta pas, donnant des coups sur mes bras, dans mon ventre.
Je tourne la clef dans la serrure de l'immeuble et entre, faisant le moins de bruit possible, toujours dans mes pensées...mon passé.
Army s'arrêta bien vite, et il se mit à me fixer. Je le fixais aussi, choquée, blessée, intérieurement et physiquement, les larmes coulaient toutes seules de mes yeux. Il se leva soudainement, ramassa le sachet que j'avais lâché dans ma chute, et il détalla en courant... Et moi je me relevais quelques minutes plus tard, essuyant du bout des doigts ma lèvre fendue ou le sang perlait.
C'était la dernière fois que je le voyais.
Ensuite tout s'enchaina. Army avait fugué. J'avais été soignée mais je demandais à quitter la maison, avoir un petit appartement, voire studio à moi, jusqu'à la fin de mes études et je verrai ensuite. J'avais besoin d'air. D'oublier.
J'emménageais dès l'année d'après...donc cette année, dans un studio, celui où je vis toujours.
J'ente chez moi et pose mon sac sur le canapé avant de me jeter dans le lit toute habillée.
Je n'ai plus entendu parler de mon frère non plus... Et suite à cet incident, alors que je n'étais pas très ouverte aux autres, je me refermais un peu plus sur moi même. Effrayant les autres par mon air froid et dur alors que je l'étais réellement sans doute autant que de la glace dans le désert du Sahara.
Et je m'endors ainsi... Sombrant dans l'abîme des rêves ...
et des cauchemars.
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